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Ma vie d'expatriée à Toulouse...Paris/Toulouse le match!
30 novembre 2011

Comment je suis devenue infirmière...

Parce qu'il est bon de créer un nouvel article, parce que je vous en avait parler dans l'article sur "Urgences", voici un poste qui vous raconte mon métier (enfin une infime partie), comment j'y suis venue notamment!

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Petite, j'ai voulu faire femme pompier, vétérinaire, courtier en bourse, réparatrice de télévision, pilote de ligne, et enfin médecin (tout ça à peu près dans l'ordre, pompier c'était à 4 ans et médecine vers 16 ans).

J'ai donc passé mon Bac scientifique pas très brillamment (11.36 de moyenne, et encore merci l'anglais et l'espagnol!). Pressentant un échec cuisant en médecine, j'avais décidé de passer le concours infirmier mais ma famille m'en dissuada à grand renfort de " Essaye médecine, t'as les capacités, sinon tu vas regretter" et bla bla bla. Et j'ai essayé...environ une journée m'a suffit à comprendre que si j'avais peut être les capacités, je n'avais absolument pas la détermination que les autres avaient, c'est à dire, ne faire que bûcher pendant 1 an ou 2, avec 1 semaine de relâche pendant l'année! J'ai donc passer le reste de l'année à jouer aux cartes avec les copains, observer les autres bosser, discuter avec les copains, fumer des clopes, préparer le concours infirmier. Parce que même si j'avais jamais mis les pieds dans un hôpital, je savais que m'occuper des gens, des gens malades, c'était mon truc!

Me voilà donc avec mon concours en poche, une très bonne place, et de très sympathiques compliments "bravo, mais dommâge t'aurai pu faire mieux quand même" ça fait toujours plaisir!Bam dans tes dents!

3 an et demi plus tard, me voilà enfin infirmière, après des semaines plutôt difficiles, des stages pour certains très éprouvants, des remises en question multiples, ça y est, je l'ai ce diplôme!!!Je pense que beaucoup de gens minimisent la difficulté de ces études, aussi bien au niveau de la charge de travail qu'au niveau de l'implication émotionnelle! Bref, de la sueur, du sang, des larmes, des angoisses!

Je vous passe le pourquoi du comment je débarque à Toulouse, je prends un poste très rapidement au CHU, je suis doublée deux semaines et bim! Je suis lâchée seule dans la fosse aux lions, dans une organisation de travail différente des stages où j'étais allée, moi qui n'avait alors connu que l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris!

Et là débutent des journées difficiles, des moments de doute m'assaillent chaque jour, d'autant plus que certain(e)s collègues ne sont pas tendres et ne vous donnent pas le droit à l'erreur! Rassurez vous, je ne tue personne, mais de petites "boulettes" peuvent vite être transformées en erreurs professionnelles par certaines collègues un peu pointilleuse et qui se surestiment un peu. Dévaluer les autres est aussi un bon moyen pour certains de se mettre sur un pied d'estal. L'entraide n'est pas la règle pour tous et l'hôpital est loin du monde des bisounours!

De nombreuses choses me paraissent anormales...on applique des prescriptions par téléphone( et pas pour des Dolipranes, hein, pour des vrais médicaments avec des vrais effets secondaires, type morphine!), on signe des bons de transfusion pour les médecins, on recopie les prescriptions nous même...on fait même des ordonnances! Des choses illégales devenues tellement habituelles pour les autres qu'il le font sans même se poser de questions. Bref, tous les jours je met mon diplôme en jeu, et ça parce que c'est difficile de refuser quand on est jeune diplômée, qu'on a 21 ans et qu'on est "celle qui vient de Paris", de surcroît!

Quand je dis que les conditions de travail craignent plus en Province qu'à Paris, on me dit, "c'est comme ça " blablabli...je passe encore pour la Parisienne chieuse!

Je découvre que le concept d'infirmière-boniche-secrétaire est d'autant plus valable ici qu'à Paris...On fait de nombreuses choses à la place des internes, on négocie des examens complémentaires, on appelle nous même pour des avis, on contacte les médecins traitant, on relie les courriers de sortie et les ordonnances de sortie, on y relève des oublis et des erreurs, souvent bénins, parfois plus grave!

Tout ça pour quoi?? Pour une reconnaissance de la part des chirurgiens quasi-nulle, des anesthésistes un peu plus, c'est selon. Les patients? Un sur deux vous dit merci, quand on ne vous engueule pas parce qu'il est trop tard pour prendre la télé, que vous êtes venus trop tard pour le pansement, que la bouffe est dégueulasse et j'en passe...Le patient, il s'en tamponne que vous ayez relevé qu'il partait au bloc sans carte de groupe, qu'il sortait sans ordonnance d'anticoagulant. Lui il se souvient surtout qu'il était en chambre double alors qu'il voulait être tout seul, que vous lui avez commandé un taxi au lieu d'une ambulance, et qu'en plus le voisin il ronflait, et pour couronner le tout vous le réveilliez à 7h00 pour lui prendre la tension, alors que lui sa tension, il s'en fout royal!!

Bref, si je dresse un portrait assez noir, c'est bien sur caricatural mais assez représentatif tout de même...Aujourd'hui être infirmière ne fait plus rêver...c'est vrai que retirer des bassins, c'est moins glamour que de bosser dans la pub! Quand je parle avec des jeunes de mon âge, c'est bien souvent l'image qu'ils se font du métier, quand je leur explique que mon rôle est bien plus important, que j'ai bien plus de responsabilités...ça ne les attire pas plus que ça...A quoi bon se lever à 5h00 du mat', alterner matin, après-midi et nuit pour 1500 euros par mois, sans compter travailler un week-end sur 2 ( que beaucoup pense payé double, mais non, hein, c'est 46 euros par dimanche!)?

Moi-même, j'exerce depuis 2 ans, j'aime mon métier, mais je le trouve bien sous-estimé compte tenu des mes responsabilités...Bien sur j'en retire des satisfactions, sentiment d'utilité, contact avec le patient et sa famille dans les bons comme les mauvais moments...Mais aujourd'hui, face à une pénurie de personnel grandissante, et donc un rythme de travail bien plus soutenu, le soir, plutôt que de me féliciter du travail accompli, je me demande plutôt si je n'ai pas fait d'erreurs, d'oublis qui auraient une conséquence pour le patient...et franchement, je ne sais pas si je conseillerai ce métier à mes proches...

Alors quand je vois qu'on parle de jours de carence pour les fonctionnaires, qu'on se demande si on doit payer les 2 millions de RTT accumulés par les fonctionnaires de la fonction publique hospitalière, je me dis que les gens du gouvernement, ils vivent vraiment sur une autre planète!

 

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Commentaires
M
bla bla bla bla <br /> <br /> o s'en fout !
Ma vie d'expatriée à Toulouse...Paris/Toulouse le match!
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